Tarifs SFR : les prix flambent pendant que les abonnés partent

Tarifs SFR : les prix flambent pendant que les abonnés partent

Alors que les opérateurs cassent les prix pour le Black Friday, SFR augmente discrètement les tarifs de ses forfaits. Un moyen de réduire ses dettes, le groupe traversant une grave crise financière associée à une grosse perte d'abonnés.

SFR traverse une bien mauvaise passe en 2023 ! Alors que l'opérateur a perdu des centaines de milliers de clients, Altice, sa maison mère, se retrouve endettée à hauteur de 60 milliards d'euros, si on regroupe Altice International, Altice France et Altice USA – à elle seule, Altice France représente un trou de 24 milliards de dollars. Et comme si cela ne suffisait pas, un scandale de corruption impliquant un proche de Patrick Drahi, le fondateur d'Altice, vient ternir un peu plus l'image du groupe. La situation est tellement critique que Patrick Drahi cherche à céder partiellement SFR pour 3 milliards d'euros. Il est donc primordial pour l'opérateur de faire diminuer son gouffre financier, et c'est malheureusement une fois de plus les utilisateurs qui vont devoir payer l'addition. En février dernier déjà, ces derniers avaient vu leurs factures mobiles et Internet augmenter de 0,69 à 0,99 € par mois, selon les forfaits.

Cette semaine, alors que le Black Friday bat son plein avec une foule de promotions, SFR récidive avec une nouvelle augmentation des tarifs, mais qui n'a cette fois rien à voir avec le contexte de début d'année, où l'opérateur invoquait la hausse généralisée des coûts constitutifs de son service, à cause de la guerre en Ukraine et la flambée du prix de l'énergie qui en découlait (voir notre article). Une bien mauvaise surprise, alors que les autres opérateurs cassent les prix de leurs forfaits pendnat la grande braderie de fin d'année !

Augmentations chez SFR : taxer toujours les abonnés

SFR augmente discrètement les tarifs de certains de ses abonnements, à commencer par la formule SFR Fibre Starter. Décrite comme une offre "haut débit à petit prix", elle permet de bénéficier d'un débit de 1 Gbit/s en téléchargement descendant et de 700 Mbit/s en téléchargement ascendant. Autrefois à 20,99 € par mois, elle passe à 22,99 € par mois pendant les six premiers mois – contre douze il y a encore quelques semaines –, avant de monter à 34 € par mois, le tout avec un engagement de douze mois. On assiste donc à une augmentation de 2 € pendant la période promotionnelle sans aucune amélioration du service.

SFR a eu recours à une stratégie un brin différente pour ses formules 5G sans engagement. L'opérateur a décidé d'augmenter sa formule 200 Go 5G de 50 Go, la faisant donc passer à une enveloppe totale de 250 Go, tout en faisant grimper le prix de 2 € par mois, passante de 34,99 à 36,99 € par mois – en revanche, les clients Box bénéficient toujours d'un tarif préférentiel à 16,99 € par mois. Une technique astucieuse, puisque cette hausse des prix est "justifiée" par l'augmentation de l'enveloppe de données, alors que la plupart des abonnés ne l'utilisent pas dans son intégralité. Bref, c'est tout bénef pour SFR !

Groupe SFR : un gouffre financier à combler d'urgence

Cette augmentation est la conséquence de la nouvelle stratégie, dite de valeur, de l'opérateur. En effet, comme l'a expliqué Mathieu Cocq, le PDG de SFR, aux Échos, son groupe arrête la guerre des prix et la course aux abonnés pour à la place augmenter les prix et conserver les abonnés qui lui rapportent le plus. Ce changement de cap s'est déjà illustré en octobre dernier, lorsque la fameuse mention "les douze premiers mois" que l'on trouve d'habitude s'était transformée en "les six premiers mois", et ce sur presque tous les forfaits. Grâce à cette pratique, SFR s'assure des revenus bien plus importants à la fin de la première année, tout en rendant de moins en moins avantageux pour l'utilisateur le fait de changer de forfait une fois la période promotionnelle passée (voir notre article). Une bien mauvaise nouvelle, à l'heure où l'inflation bat son plein et où les portefeuilles des Français traînent la patte, d'autant plus qu'Orange et Bouygues Telecom ont fait de même. Et un jeu dangereux, en particulier au vu du placement pas vraiment glorieux de SFR dans le palmarès de l'Arcep (voir notre article). Service client déplorable, offres qui changent à tout va… Les abonnés fuient le navire…

Le 22 novembre, SFR a présenté ses chiffres pour le troisième trimestre avec optimisme. "Il y a un rebond", s'est réjoui Mathieu Coq lors d'une conférence téléphonique avec des investisseurs, rapporte Le Monde. À la lecture de ses résultats commerciaux, l'opérateur semble être parvenu à endiguer l'hémorragie sur le mobile constatée depuis un an. En réalité, il a gonflé ses chiffres sur le mobile au troisième trimestre, grâce à une subtile manipulation, pour masquer une nouvelle perte d'abonnés. En réalité, non seulement l'hémorragie n'a pas été stoppée, mais ce sont pas moins de 118 000 clients mobiles qu'a perdu finalement l'opérateur. Depuis le début de l'année, SFR  a ainsi vu 438 000 abonnés partir chez la concurrence.

Pour tenter de combler la brèche, le groupe de médias et de télécoms Altice a annoncé, le mardi 21 novembre, la cession d'une participation de 70 % de son activité de centres de données (data centers) en France à Morgan Stanley Infrastructure Partners. Plus exactement, il va transférer 257 centres de données et des espaces de bureaux actuellement exploités par SFR dans toute la France à une nouvelle entité, baptisée UltraEdge. Le groupe français précise que l'infrastructure et les équipements passifs des centres de données seront transférés à UltraEdge, mais que les serveurs et les équipements actifs resteront chez SFR. En cédant plus des deux tiers du capital, Altice France devrait récupérer un peu plus de 530 millions d'euros, tout en conservant 30 % du capital de la nouvelle entreprise. En outre, l'opérateur conclura avec UltraEdge un accord de construction sur mesure qui devrait lui permettre de générer environ 175 millions d'euros de recettes supplémentaires au cours des sept prochaines années. Mais pas sûr que cela sera suffisant…